Pourquoi la bio’bric® de BOUYER LEROUX n’est-elle pas un écomatériau ?

Bouyer Leroux vend ses briques sous la marque « bio’bric® ». Il faut vous poser la question, s’il ne sagit pas là surtout d’une marque commerciale déposée et non d’un certificat de conformité avec un quelconque label biologique. Cela paraîtrait logique puisque la brique à base d’argile enfreint une des exigences les plus importantes afin qu’un matériau puisse être déclaré écologique : la fabrication à partir de matières premières renouvelables, alors que L’ARGILE N’EST PAS UNE MATIÈRE PREMIÈRE RENOUVELABLE. D’autres raisons vous seront exposés ci-dessous.

On peut lire sur Wikipedia concernant la définition de l’éco-matériau qu’il doit répondre aux exigences et principes du développement durable dont voici une liste non exhaustive :

  • les matières premières doivent provenir de ressources naturelles durablement renouvelables alors que l’argile est une matière première non-renouvelable. Autrement, nous pourrions aussi considérer le bois issu de la forêt amazonienne comme un écomatériau alors que cela vous choque sans doute.
  • l’écomatériau ne doit pas avoir des effets nocifs sur la santé et cela à aucun moment de sa vie (et notamment ni à la production, ni à sa mise en œuvre). Or, il suffit de lire le dossier sur la prévention des risques professionnels dans les briqueteries et tuileries sur officiel-prevention.com pour comprendre que cela n’est pas le cas pour la production de briques.
  • l’impact environnemental et énergétique doit être faible ou neutre. La production BOUYER LEROUX consomme de l’énergie à la cuisson, lors du déplacement des argiles entre les différents sites (et par la même occasion des gaz à effet de serre) etc.

Outre les impacts sur l’environnement (eau, sol, biodiversité…) précédemment évoqués dans l’article sur les impacts sur la ressource en eau et la prairie bocagère, la bio’bric® ne peut être considérée comme un matériau écologique pour les raisons suivantes :

  • La brique est issue de gisement d’argile fossile non renouvelable.

  • Lors du décapage de la terre végétale, de l’extraction, du transport au sein de la carrière, puis du transport de la carrière à l’usine, les engins et les camions consomment de l’énergie fossile et émettent des quantités importantes de gaz à effet de serre (GES) alimentant le réchauffement climatique.

  • Des pompes seront nécessaires à la gestion de l’eau lors de l’extraction. Elles consommeront encore de l’énergie primaire.
  • Comparativement à d’autres matériaux de construction (bio-sourcé type chanvre et même le béton), la fabrication de la brique est celle qui consomme le plus d’énergie nécessaire aux différentes étapes de production, notamment pour le chauffage des fours de cuisson.

  • Lors de la cuisson, des quantités de gaz à effet de serre sont encore émises dans l’atmosphère.

  • L’éventuelle utilisation du biogaz (composé principalement de méthane et de dioxyde de carbone) issu de la fermentation des déchets, n’est pas neutre en terme d’émissions de gaz à effet de serre et présente des risques environnementaux (déchets divers pouvant comporter des toxines).

    Comparativement, les matériaux bio-sourcés ou le bois ne nécessitant pas de cuisson, n’émettent pas ou très faiblement de gaz à effet de serre lors de leur constitution ; à l’inverse, ils ont absorbé du CO2 lors de la croissance végétale (en fin de vie, leur bilan est neutre).

  • Enfin le transport externe, entre l’usine et le lieu de construction, est encore consommateur d’énergie fossile et le poste le plus émetteur de GES. La brique, dense et lourde, génère en proportion de sa masse, davantage d’émissions de gaz à effet de serre. Or, cette production est destinée à un marché du nord de l’Europe et non localement.

Par ailleurs, nous n’avons pas besoin de la brique en tant que matériau puisque suffisamment d’autres matériaux écologiques existent aujourd’hui sur le marché tels que le bois issu de forêts gérées durablement ou encore des matériaux à base de chanvre.

Au regard des enjeux du réchauffement climatique, le projet de carrières et de briqueterie n’est vraiment pas compatible !