Lettre ouverte au Maire de Forges les Eaux, Michel Lejeune concernant ses propos sur France 3 Normandie

 

Mairie
Monsieur Michel LEJEUNE
37, place Brévière

76440 FORGES LES EAUX

Sommery, le 07.07.17

 

LETTRE RECOMMANDÉE A/R / LETTRE OUVERTE
Propos tenus sur France 3 Normandie le 28.06.17


Monsieur LEJEUNE,

Votre intervention dans le journal télévisé de France 3 Normandie du 28 juin 2017, nous amène à vous répondre et à vous interroger sur plusieurs points.

Voici une transcription de votre déclaration concernant le projet de carrières gigantesques dans le Pays de Bray prévu par l’industriel BOUYER LEROUX :

« A Forges par exemple, il y avait au dix-neuvième siècle trois usines de fabrication de briques. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. C’est recréer une briqueterie dans le pays de Bray. C’est créer une quarantaine d’emplois et puis des emplois qui ne sont pas obligatoirement des emplois avec beaucoup de formation. Pour nous, c’est essentiel quand même. »

  1. Vous parlez du 19e siècle.
    Nous sommes DEUX siècles plus tard et les intérêts et la conscience collective sont différents. Dans les années 1800, il y avait des hommes avec des pelles et des brouettes, pas d’engins mécaniques, ni de camions aussi puissants, mais des charrettes tirées par des chevaux. Avec ce projet, on envisage une capacité d’extraction de 200.000 tonnes.
    A cette époque, il n’y avait pas de tourisme.
  2. Les briqueteries et les carrières étaient à taille humaine et à une échelle beaucoup plus petite comparée à celle de l’usine envisagée. L’usine à elle seule doit faire plus de 10 hectares et il s’agit d’exploiter de multiples carrières de plusieurs dizaines d’hectares chacune. Le projet Bouyer Leroux est pharaonique comparé à l’activité des briqueteries du 19e siècle. Vous semblez avoir perdu le sens des surfaces et des volumes. L’activité de Bouyer Leroux n’a rien à voir avec la tradition du Pays de Bray. Cela représente une lourde industrialisation d’une région avec seulement quelques dizaines d’emplois à la clé.
  3. Vous évoquez la création de 40 emplois.
    Il y a encore quelques mois, lors de notre entrevue dans votre bureau de Forges les Eaux, vous nous indiquiez la création de 90 emplois. D’où sortez-vous ce nouveau chiffre revu à la baisse puisque le projet n’a pas encore été déposé ?
    Compte tenu du niveau d’automatisation des usines de briqueteries de dernière génération, ce chiffre paraît toujours trop élevé.
  4. Vous précisez également qu’il s’agit d’emplois qui ne nécessitent « pas beaucoup de formation ».
    Selon vous, les Brayons aspireraient-ils majoritairement aux emplois de bas niveau, mais d’où viendraient alors les « cerveaux » pour les diriger ?
    Ce serait faire preuve d’un grand mépris pour vos administrés et ceux des autres communes.
    Vous ne pouvez donner aucune garantie sur la quantité et la qualité d’emplois réellement créés puisque l’industriel a comme habitude de transférer des salariés d’autres sites suivant ses besoins pour éventuellement reclasser du personnel.
    De plus, « pas beaucoup de formation » veut dire automatiquement pas beaucoup de salaire.
  5. Vous semblez ignorer que les salariés de briqueteries sont soumis à des contrôles plus sévères en matière de prévention de maladies pulmonaires. Compte tenu des risques auxquels ils sont exposés (poussière de silice et métaux lourds), des tests respiratoires réguliers sont nécessaires et des radiographies thoraciques peuvent s’imposer.
  6. Quelles sont toutes les motivations qui vous poussent avec d’autres élus tels que le maire de Neufchâtel en Bray, Xavier Lefrançois ou encore le maire de Sommery, Colette Bertrand, à soutenir ce projet ?
    Combien d’emplois avez-vous créés ? Combien de projets avez-vous soutenus, financés dans le tourisme et autres activités non polluantes, non-destructrices de l’environnement les dernières décennies avec des fonds régionaux, nationaux voire européens ?
    Votre soutien au projet de l’industriel BOUYER LEROUX, va tout à fait à l’encontre de ces investissements et initiatives. Il anéantit le travail accompli dans le passé.
  7. Il est facile de prendre une telle position quand sa propre commune n’est pas concernée. C’est différent pour les autres élus, car il leur faudra réfléchir aux conséquences dans les urnes.

Votre comportement qui manque franchement de vision à long terme pour un développement durable de notre région, est un défi à relever pour nos élus.

Avec votre attitude, vous privilégiez une politique des siècles passés qui est erronée et qui n’a fait que détruire l’environnement et détériorer l’espace vital de l’homme. Ces temps sont révolus.

Veuillez agréer, Monsieur LEJEUNE, nos salutations distinguées.

Christophe MARSILLE
Président
Pour le bureau de l’association